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Chanson pour Zumbi: Sepultura – Ratamahatta

roots.jpgConnard de Sting.

Non content d'avoir pourri nos oreilles avec Police puis en solo, le bonhomme a réussi à pourrir la forêt vierge. Rappelez-vous, nous sommes dans les années 80 (enfin je crois). Et il y a ces photos de Sting, costard blanc, coupe mulet, qui nous les brise avec la forêt amazonienne. Pour faire bonne mesure, l'immonde s'est constitué une petite escorte d'indiens pure souche, plumes sur la tête, pagnes, lances, et peinture sur le visage. Une campagne d'écologie à mi-chemin entre "un Indien dans la ville" et la pub pour la banque populaire. Sting, plus puissant qu'une batterie de tronçonneuses ou qu'une nappe d'hydrocarbure…

Primo, il faudrait donner Sting à bouffer aux piranhas.

Ensuite, il faudrait faire raisonner "Roots" dans la forêt. Histoire de nettoyer.

"Roots", sorti en 1996, est fondamental. Pas juste pour Sepultura, ou même le métal. Fondamental tout court quoi… Les 4 cavaliers de l'Apocalypse made in Bresil ont officié dans le death, le trash, incorporant petit à petit un groove particulier.L'apogée, c'est "Roots". Un titre sur les racines. Un portrait d'indien sur la pochette. Bon, Sepultura va-t-il nous faire du molasson tendance Sting ? Deux mots de plus dans le titre de la première chanson: Roots Bloody Roots. On comprend rapidement que ce que ne montre pas la pochette, c'est une machette ensanglantée et une tête coupée (celle de Sting ?) dans les mains de l'indien.

Range ta capoeira, ta samba, ta selecao. "Brésil" n'est pas glamour. "Brésil" vient du bois de braise, rougeâtre, sanglant.
Quatrième chanson de "Roots", "Ratamahatta". Carlinhos Brown a ramené ses tambours de guerre, et participe à la composition du titre. Ce percutionniste brésilien est connu pour avoir ramassé une centaine de gamins du côté de Salvador de Bahia avec lequel il enregistre 8 albums  sous le nom de Timbalada. Invité sur l'album de Sepultura (avec également Mike Patton de Faith No More – entre autres-, Jonathan Davis de Korn, et d'autres), Mr Brown balance, groove et tabasse ses peaux.

Vous trouverez en fin de billet la version de "Ratamahatta", présente sur le live "Under A Pale Grey Sky". Il s'agit du dernier concert de Sepultura avec Max Cavalera au chant, le 16 décembre 1996. Le pâle ciel gris, c'est celui de Londres, Brixton Academy. Roadrunner sortira le live sans vraiment demander l'avis du groupe, en 2002.

zumbi.jpgEn dressant l'oreille, vous entendrez Max rugir "Zumbi". Prétexte à un petit quart d'heure d'histoire.

Zumbi est un personnage historique brésilien. Un héros, même. Il naît en 1655 au Quilombo de Palmares. Un quilombo un refuge d'esclaves en fuite, celui de Palmares aurait compté à cette époque pas loin de 30 000 personnes. Vers 6 ans, il est capturé par un "capitaine des forêts", chasseur d'esclave. Il est confié au père Antonio Melo, qui le baptise Fransisco, et essaye de le "domestiquer". Sauvage, le gamin s'échappe à 15 ans et retourne au quilombo. Il s'y taille une place de choix, combattant féroce et général compétent. En 1978, un gouverneur propose une trêve à Ganga Zumba, chef du quilombo, et oncle de Zumbi. Ganga Zumba est prêt à faire la paix, mais Zumbi n'a pas confiance. Il défie son oncle et devient le nouveau chef de Palmares. Il jure de continuer la résistance. 

Durant 15 ans, il combat les Portugais, jusqu'à gagner la réputation d'être immortel. En même temps, c'est pas un gentil, le Zumbi. Si un membre du Quilimbo tente de le quitter, Zumbi considère ça comme une trahison, ou une tentative de… Peine de mort directe.

En 1694, les Portugais en ont marre, et sortent la grosse Bertha. Cerca do Macaco, le centre de Palmares, est détruit à coups de canons. Zumbi est blessé, mais s'enfuit. Un compagnon le trahit, et le livre aux Portugais. Le 20 novembre 1695, Zumbi infirme la rumeur sur son immortalité en laissant ses vertèbres se détacher les unes des autres sur un billot. Pour la peine, sa tête est transportée à Recife, exposée en place publique.

300 ans plus tard, Zumbi trouve sa place dans une chanson de Sepultura…

"Allright London, from our tribe to your tribe"

Sepultura – Ratamahatta (live)

Bonus track:

Sepultura – Kaiowas (live)

8 May, 2006 - Posted by | 90's, Heavy Metal, music

5 Comments »

  1. Merci pour cette évocation trés SPECIALE d’un des albums “cultes” de mon adolescence avec les indispensables “Chaos A.D.” et “Arise” autres chefs d’oeuvres metalliques de SEPULTURA.
    Les temps ont changé car là il me tarde surtout d’être à demain pour me procurer le nouveau Neil Young…

    Comment by SeB "D" | 8 May, 2006 | Reply

  2. Merci pour tes précisions sur Zumbi.
    Roots est sans conteste l’album de Sepultura à posséder. Dommage que le groupe n’ait pu continuer sur cette lancée après le départ de Max Cavalera. De même après un premier album enthousiasmant, Soulfly a aussi sombré… Reste pourtant ce chef d’oeuvre qui continue de tourner sur ma chaîne.

    Comment by Jim | 8 May, 2006 | Reply

  3. Roots Bloody Roots…
    J’en ai des frissons!

    Next show pour moi: 06/07/03, Slayer, The Unholy Alliance Tour!

    Comment by James | 10 May, 2006 | Reply

  4. Pour poursuivre l’aventure amazonienne sanglante, un film à voir : Cannibal Holocaust.

    Bien dans l’esprit.

    Comment by romain | 12 May, 2006 | Reply

  5. Avant d’être repris par Sepultura, Zumbi avait déjà été choisi en hommage comme pseudonyme par Nação Zumbi, influent musicien brésilien qui a officé avec Chico Science, et mélangé rock, métal, rap et percussions brésiliennes (maracatu) avant Sepultura et les a influencé de manière évidente mais dont il n’est jamais fait mention. D’ailleurs un des musiciens de Chico Science & Nação Zumbi rejoindra plus tard Soulfy…

    Comment by Boebis | 5 December, 2010 | Reply


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