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Velouria, la Weird Vibration des Pixies

franckblackNME.jpg“En Californie, il y a ces histoires sur les Lémuriens, un peuple comme les Atlantes, dont la civilisation a été engloutie, et qui sont partis en bateau, vivre sur le Mont Shasta. J’ai trouvé ça chouette… Velouria, la fille de science-fiction. Une chanson d’amour sur les voyages dans le temps” disait Black Francis au NME.

Quand on aime les Pixies, on estime en général Frank Black/Black Francis/Charles Thompson IV au delà de toute mesure. Mais les paroles de “Velouria” et de 95% de ses chansons sont subsidiaires. Comme ces questions qui servent à départager les ex-aequo à un concours. Une partie du succès et du culte des Pixies à l’étranger et en France en particulier vient du fait Franck Black prêtait plus d’attention aux sons des mots – universel – qu’à leur sens.

“Velouria” sort en août 1990 sur Bossanova, album dominé par ces histoires d’OVNI et des guitares surfs entêtantes. Une bizarrerie de plus dans le cursus d’un groupe hors-normes: peu de messages, une bassiste recrutée grâce à une petite annonce devenue légendaire (cherche bassiste aimant “Husker Dü et Peter, Paul and Mary”), un chanteur qui affirme voter plutôt à droite et assume le rock-business, des jeans même pas troués et un non-look total…

Sur “Velouria”, Franck Black a la bonne idée d’exhumer le Theremin. Cette voix de diva extraterrestre, c’est le Theremin. Dans la famille des instruments étranges, il tient la corde. Doté de deux antennes, l’une droite, l’autre en boucle, on en joue en bougeant les mains, sans le toucher. Inventé en 1919 par Léon Theremin (Lev Termin de son vrai nom russe), le premier instrument de musique totalement électronique est ensuite popularisé par Charlie Moog.
Theremin-playing.jpg
L’instrument donne un cachet immédiat à “Velouria”, mise en orbite par un riff qui a le bon goût de ne ressembler à aucun autre, pendant que Kim Deal joue à crier doucement dans l’espace. La composition réussit à envoyer l’auditeur ailleurs mieux que n’importe quelle strophe tarabiscotée.

“Nous ne sommes pas totalement stupides. Nous sommes un peu tarés. Nous sommes assez dur. Nous sommes un peu doux. Nous sommes sombres. Nous sommes beaux. Je veux ma propre télé pirate. Je veux faire un duo avec Morissey. Je veux continuer à faire du bon rock qui m’entraîne. Je veux qu’il ne reste de moi que la peau et les os. Je veux que mes chansons me paralysent. Je n’ai pas de grands idéaux, de grands desseins, sinon d’être le premier groupe de rock à jouer sur la lune. Jouer dans l’espace, voila qui serait sacrément stupéfiant !”

Voilà le mot exact, le seul qui puisse définir la musique des Pixies et notamment Velouria: stupéfiante.

  • Outre une pelletée de bandes-sons de films de science-fiction (dont Mars Attacks de Tim Burton mis en musique par Danny Elfman), on peut entendre du Theremin sur “Whole Lotta Love” de Led Zeppelin ou “Six Shooter” des Queens Of The Stone Age, et du Tannerin (un theremin à la sauce Tanner) sur “Good Vibrations” des Beach Boys. (Ajout du 22/02: il y a aussi du theremin sur “Richard III” de Supergrass. Notez que toutes ces chansons sont diablement chouettes.)
  • “Je veux que mes chansons me paralysent”. J’émet l’hypothèse que Josh Homme y a trouvé le nom du Lullabies To Paralyze des Queens Of The Stone Age. L’expression est déjà présente dans les paroles de “Mosquitos Song” sur Song For The Death.
  • “Velouria” a été reprise par Weezer. Sans le Theremin. Elle reste une bonne chanson, mais le principal intérêt de cette reprise est de prouver que 75 % de sa classe vient de cet instrument étrange.

13 February, 2006 - Posted by | 90's, music, Rock

1 Comment »

  1. Like the content. Will check back to read updates.

    Comment by Ytay | 28 January, 2007 | Reply


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